2e partie : reportage à l'hôpital national d'ophtalmologie des 15-20

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Un hôpital précurseur dans la recherche en ophtalmologie et l'enseignement

Pôle d’excellence dans la recherche, l’Hôpital National des 15-20 a vu naître de nombreuses innovations scientifiques. En 2023, l’ingénieure Marie Darche, membre de l’équipe du Pr Michel Paques au sein du Centre d’Investigation Clinique, réalisait une première mondiale avec la transparisation de l'œil humain. Cette technique, initialement développée pour le cerveau et jusqu’alors jugée impossible pour l'œil humain, ouvre de nombreuses perspectives pour mieux comprendre les maladies oculaires. Deux années avant, en 2021, l’équipe du Pr José-Alain Sahel à l’Institut de la Vision réalisait une autre première mondiale, en restaurant partiellement la vue d’un patient aveugle grâce à une thérapie optogénétique. Fondé il y a plus de dix ans, l’Institut de la Vision est aujourd’hui un pôle d’excellence de renommée internationale, à l’origine de nombreuses avancées dans la compréhension des maladies oculaires et dans le développement de thérapies innovantes. 

Leader en matière de recherche, l’hôpital est également un lieu d’excellence dans la production de savoirs. « En termes de formation, l’hôpital des 15-20 est l’école de référence des meilleurs ophtalmologistes. Il y a une tradition universitaire très ancrée. Être ancien interne ou chef de clinique des 15-20 est un gage de qualité », rappelle Nicolas Péju. Le Pr Christophe Baudouin, quant à lui, évoque le fait que l’hôpital dispose des techniques les plus modernes, ce qui enrichit l’apprentissage : « Nous testons en premier les techniques qu’on nous propose, et si nous en sommes satisfaits, nous les adoptons et les enseignons ». Il cite également l’exemple de la chirurgie avec aide 3D : « C’est une innovation technologique que j’utilise en routine depuis 2 ans. Elle ne rend pas la chirurgie plus performante, mais le fait d’opérer sur un écran 3D permet à tout le monde dans la salle d’opération de voir la même chose, ce qui en fait un outil très performant pour l’éducation et l’enseignement ». 
En 2017, l’hôpital a lancé la première plateforme hospitalière de formation médicale en ophtalmologie, appelée 15-20 institute. Cette plateforme d’enseignement gratuite propose des tables rondes en présentiel ou visioconférence, et des chirurgies en direct du bloc des 15-20. Les grands thèmes de l’ophtalmologie sont abordés : glaucome, cataracte, maladies de la rétine, DMLA, OVR, cornée médicale et chirurgicale, pathologies infectieuses, urgences, neuro ophtalmologie, chirurgies des paupières et des voies lacrymales, surface oculaire, ophtalmo-pédiatrie… Le 15-20 institute compte plus de 3000 inscrits, dont plus de la moitié se connectent depuis l’étranger. 
L’hôpital a ensuite enrichi son offre de formation avec l’ouverture de l’école de la chirurgie, en septembre 2023. Cette école est constituée d’un plateau technique dédié et ouvert, avec un matériel de pointe et un encadrement spécifique. « En Ile-de-France, la formation médicale ophtalmologique sur simulateur est désormais obligatoire avant d’opérer chez l’homme, mais ce n’est pas le cas partout en France. L’école de la chirurgie est une formation pratique pour ne pas mettre en danger le patient. Elle propose des simulations pour augmenter le niveau des jeunes chirurgiens, afin qu’ils opèrent la première fois en étant déjà formés. Les méthodes (yeux artificiels, simulateurs) sont très performantes », explique le Pr Baudouin qui a porté ce projet. En plus de former les jeunes internes aux techniques de bases, l’école permettra aux chirurgiens confirmés de découvrir de nouvelles techniques chirurgicales mini-invasives.

Le porche d’entrée de l’hôpital national des 15-20, vestige de la caserne des mousquetaires noirs inscrit au titre de Monument Historique

Hôpital national d'ophtalmologie des 15-20 : des projets ambitieux pour les années à venir

Pour maintenir son niveau d’excellence et mieux se projeter dans les années à venir, la communauté hospitalière de l’hôpital a élaboré un projet d’établissement 2022-2026. Cette feuille de route prévoit de nouvelles activités, telles que la création d’un entrepôt de données à destination des chercheurs et cliniciens. Avec plus de 50 000 passages aux urgences par an, l’hôpital génère en effet l’un des plus importants volumes de données de santé au monde en ophtalmologie. 

Un autre axe du projet a été le développement d’un pôle basse vision dédié à la prise en charge du handicap visuel. « Le handicap visuel n’est pas que la cécité, un certain nombre de pathologies entraîne des troubles de la vision très handicapants », explique Nicolas Péju, qui ajoute que l’idée de créer cette structure est venue de la communauté médicale : « Les ophtalmologistes, confrontés à des patients qu’ils ne pouvaient plus soigner, constataient leurs difficultés de trouver une prise en charge à Paris ou en Ile-de-France. Il y a peu d’offres et c’est le parcours du combattant pour trouver de l’aide ». Avec l’association Valentin Haüy, l’hôpital a alors créé en 2024 l’Institut de Réadaptation visuelle Saint-Louis, qui a accueilli ses premiers patients en mars. La structure, qui sera en pleine capacité de fonctionnement en septembre, proposera aux personnes déficientes visuelles un suivi médical, une réadaptation pour gagner en autonomie, ainsi qu’un soutien médico-social. L’hôpital a également l’ambition de renforcer son action en faveur du développement durable, par la réduction des consommations énergétiques et l’agrandissement des espaces verts, notamment. Par ailleurs, dans un contexte de vieillissement de la population et d’augmentation de la fréquence des maladies chroniques, l’hôpital a le projet d’agrandir ses surfaces de plus de 3000 m² pour s’adapter à l’augmentation du nombre de patients.
 

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Propos recueillis par Sophie Vo