Opticien Balaruc-le-Vieux Cc Carrefour - Krys
Marion V
Méconnues du grand public, les uvéites sont des inflammations situées à l’intérieur de l’œil, au niveau de l’uvée. Elles surviennent à tout âge, avec un pic de fréquence chez les personnes en âge de travailler. Considérées comme des maladies rares avec une prévalence de 38 à 204 cas pour 100 000 habitants (1), elles n’en sont pas moins à l’origine d’un cas de cécité légale sur dix dans les pays industrialisés et de deux cas sur dix dans certains pays en voie de développement. Elles sont également la 4e cause de perte de la vision dans les pays développés, avec une baisse de 25% des capacités visuelles chez la moitié des patients atteints. Les uvéites de l’enfant sont moins fréquentes que celles de l’adulte, avec une prévalence estimée à 30 cas pour 100 000 enfants. En France, on estime aujourd’hui à plus de 100 000 le nombre de personnes concernées par ces maladies, dont plus de 5000 enfants.
Illustration d'une uvéite, par Guide-Vue.fr
Si elles peuvent toucher un ou les deux yeux, les uvéites recouvrent un groupe de maladies hétérogènes et complexes, qui nécessitent une prise en charge particulière. On distingue trois formes possibles d’uvéites selon la partie de l’uvée concernée : l’uvéite antérieure (la plus fréquente) quand l’iris et les corps ciliaires sont enflammés, l’uvéite intermédiaire (la plus rare) qui atteint l’avant du corps vitré et l’uvéite postérieure qui concerne le fond de l’œil (choroïde, vitré, rétine, nerf optique). A noter : la panuvéite atteint quant à elle l’ensemble de l’œil.
En raison de la forme hétérogène des uvéites, il n’existe pas un mais bien une vaste gamme de signes caractéristiques de ces maladies. Parmi les symptômes les plus fréquents, on observe un œil rouge, une douleur au niveau de l’œil, une baisse de vision, mais aussi l’impression d’être dans le brouillard, de voir des mouches volantes ou encore une vision des couleurs modifiée. Certaines uvéites n’entraînent quant à elles ni rougeur, ni douleur. D’autres troubles non oculaires peuvent leur être associés comme des signes articulaires, digestifs ou respiratoires.
Chez l’enfant, si l’œil peut être d’apparence tout à fait normale, c’est davantage des changements d’attitude qui doivent alerter et amener à consulter un ophtalmologiste : il craint la lumière, regarde la télé de biais, se cache l’œil, est maladroit, évite les bords des trottoirs, a des résultats scolaires en baisse, etc.
Les symptômes de ces maladies sournoises doivent ainsi alerter et accélérer le diagnostic puis l’enquête étiologique et la prise en charge pour éviter les complications. Depuis une dizaine d’années, on connaît mieux les uvéites, les professionnels y sont sensibilisés et on les soigne de mieux en mieux, surtout lorsqu’elles font l’objet d’un dépistage précoce.
Touchant indifféremment les enfants comme les adultes, les uvéites peuvent apparaître de façon spontanée et disparaître une fois pour toutes, comme elles peuvent être chroniques et récidivantes. On distingue aujourd’hui les uvéites d’origine infectieuse dues à un parasite (toxoplasmose, toxocarose), une bactérie (tuberculose, lèpre, syphilis, maladie de Lyme…) ou un virus (herpès, varicelle, zona, VIH…), des uvéites d’origine inflammatoire (syndrome de Fuchs, maladie de birdshot, maladie de Behçet, sclérose en plaques, sarcoïdose, maladie de Crohn…). Chez l’enfant particulièrement, on sait que 30% des arthrites juvénile idiopathique (AJI) donnent lieu à des uvéites. Des traumatismes graves d’un œil, un corps étranger dans l’œil peuvent également en être à l’origine. Aussi, l’antécédent familial de maladies auto-immunes constitue un facteur de risques. Toutefois on ne connaît pas l’origine des uvéites dans 30 à 50% des cas et il n’existe aucun moyen, à ce jour, de prévenir l’apparition de ces uveites idiopathiques.
En première intention, pour contrôler l’inflammation, les médecins peuvent prescrire des médicaments à base de corticoïdes. Pour compléter ces traitements sont aussi prescrits des immuno-modulateurs et des immuno-suppresseurs (Cyclosporine, Interféron, antiTNFalpha, autres biothérapies) qui ont fait d’énormes progrès ces dernières années. Aussi, lorsque l’origine est infectieuse, sont prescrits des antibiotiques ou antiviraux ou antiparasitaires, associés ou non aux corticoïdes.
(1) Source : “Les uvéites”, rapport de la Société Française d’Ophtalmologie, 2010, par Antoine P. Brézin, Professeur des universités, praticien hospitalier, université Paris Descartes, Centre Cochin ambulatoire d’ophtalmologie, Paris.
Cet article a été rédigé avec l’aimable collaboration de l’association française de patients et de famille de patients ou de soutiens de patients souffrant d’uvéite Inflam’œil, association loi 1901 reconnue d’intérêt général. www.inflamoeil.org
Avec l'aimable validation scientifique duDocteur Christine FARDEAU, Praticien Hospitalier plein temps, Docteur en Médecine : service d’Ophtalmologie à l’Hôpital Pitié-Salpêtrière, Centre Constitutif de Référence en maladies rares CEMARA, Université Pierre et Marie Curie Paris VI, 47 Bd de l’Hôpital 75013 Paris, France. Membre du Conseil Scientifique d’Inflam’Œil.
Avec tous nos remerciements, équipe Guide-Vue.fr.
Date de dernière mise à jour : 15 juin 2019.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, 10 millions de personnes dans le monde souffrent d’une perte de la transparence cornéenne, et par conséquent d’un défaut de vision.
Le canal de cloquet : canal central du vitré allant de la papille au cristallin contenant des résidus. Chambre antérieure : espace entre la cornée et l’iris.
Marion V
Elisabeth G
Anne-Laure P
Aurélie C