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Marion V
D'un côté, aider les patients atteints de maladies neurologiques à retrouver leur vision ou leur oculomotricité. De l’autre, expérimenter une thérapie génique contre la maladie de Leber. Deux pratiques que la Dr Catherine Vignal-Clermont allie au quotidien. Une activité principale à l’hôpital Fondation Adolphe de Rothschild (Paris 19e), une journée hebdomadaire à l’hôpital des Quinze-Vingts (Paris 12e). « Je suis essentiellement une clinicienne, mais faire de la recherche est pour moi une autre façon de m’occuper des patients », se définit la Dr Catherine Vignal-Clermont.
Dr Catherine Vignal-Clermont
Cheffe du service d’ophtalmologie, urgences et neuro-ophtalmologie à l’hôpital Fondation Adolphe de Rothschild,
praticienne au centre d’investigation clinique de l’hôpital des Quinze-Vingts.
Après 10 ans passés à la tête du service d’ophtalmologie de l’hôpital Delafontaine (Saint-Denis), la Dr Catherine Vignal-Clermont a rejoint en 2002 l’hôpital Fondation Rothschild, dont elle est cheffe du service d’ophtalmologie, urgences et neuro-ophtalmologie. Elle y prend en charge les manifestations visuelles consécutives à des maladies neurologiques telles que sclérose en plaques, tumeurs cérébrales, traumatismes crâniens ou accidents vasculaires cérébraux (AVC). Parmi ces complications, des baisses visuelles et des anomalies des mouvements oculaires. La prise en charge de ces patients se fait en collaboration avec les neurologues et les orthoptistes, et nécessite l’intervention médicale, parfois chirurgicale, de l’ophtalmologiste.
Ancienne présidente du Club de neuro-ophtalmologie francophone (CNOF), la Dr Catherine Vignal-Clermont a coordonné en 2021 le rapport annuel de la SFO - consacré à la neuro-ophtalmologie pratique -, avec le Dr Cédric Lamirel (hôpital Bichat-Claude Bernard, Paris 18). Avec 18 de ses collègues, elle siège au sein de la Société d’ophtalmologie féminine française (SoFem), lancée en 2021, et qui a tenu son premier congrès en juin 2022. Une association « fondée par des femmes ophtalmologistes et destinée à promouvoir leur parole au sein d’une pratique médicale souvent érigée par un discours masculin », comme se définit la SoFem, qui vise à « inscrire l’expertise et l’excellence féminines dans la durée, au même rang (ni plus ni moins) que nos collègues masculins ».
Hôpital Fondation Adolphe Rothschild © Xavier Renauld
Mais au-delà de l’hôpital Fondation Rothschild, la Dr Catherine Vignal-Clermont veille à diversifier son activité. « J’ai toujours eu deux demi-journées d’intérêt général par semaine. Après les avoir consacrées à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, puis à l’hôpital Lariboisière, j’interviens à l’hôpital des Quinze-Vingts depuis neuf ans », explique-t-elle. Elément déclencheur, le Pr José-Alain Sahel, directeur de l’Institut de la Vision à l’hôpital des Quinze-Vingts, la contacte pour lui proposer de participer à un projet de recherche des plus innovants : une thérapie génique sur la neuropathie optique héréditaire de Leber.
Touchant une personne sur 40 000, cette maladie génétique rare est due à la mutation ponctuelle d’un gène - dans 70% des cas le gène ND4 - porté par le génome mitochondrial - et non par le génome nucléaire, qui renferme l’immense majorité de nos gènes. De transmission maternelle comme toute maladie mitochondriale, la maladie de Leber survient chez 50% des hommes porteurs de la mutation, et chez 10% à 15% des femmes porteuses. Les mutations impliquées dans cette maladie engendrent une baisse de la production d’énergie par les cellules, pouvant entraîner leur mort. Dans la maladie de Leber, ce sont les cellules ganglionnaires du nerf optique qui en sont les principales victimes.
La maladie se déclenche généralement chez l’homme jeune. Les personnes porteuses de la mutation « voient normalement, puis un jour la maladie débute. En moins de six mois, elles se retrouvent avec une acuité visuelle inférieure à 1/20 », seuil définissant la cécité légale, explique la Dr Catherine Vignal-Clermont. « Cette maladie est une maladie rare, ce qui fait qu’un ophtalmologue n’en voit en général qu’un à deux dans sa carrière. En tant que neuro-ophtalmologue, j’en ai vu beaucoup plus! », poursuit-elle.
Parmi les 250 patients atteints d’une maladie de Leber et traités par thérapie génique à travers le monde, 70 l’ont été à l’hôpital des Quinze-Vingts. Réservé aux patients dont la maladie s’est déclarée depuis moins d’un an, ce traitement consiste à introduire dans l’œil, par une injection dans le corps vitré, une copie fonctionnelle du gène ND4, enveloppé dans un vecteur de type adénovirus. Les résultats des essais cliniques de phase 3 - dernière étape du développement clinique, sur laquelle se basent les autorités sanitaires pour autoriser ou non un médicament - ont fait l’objet de plusieurs publications dans des revue internationales en 2020 et 2021. Elles ont montré la bonne tolérance à long terme du produit. Après traitement, l’amélioration de l’acuité visuelle des patients par rapport au point le plus bas est en moyenne de 25 lettres ETDRS.
"250 personnes atteintes de la maladie de Leber ont été traitées
par thérapie génique dans le monde, dont 70 à l'hôpital des Quinze-Vingts."
Cette thérapie génique n’est pour l’instant disponible en France que sous le régime d’autorisation d’accès compassionnel (ex-autorisation temporaire d’utilisation, ou ATU), et uniquement à l’hôpital des Quinze-Vingts. Mise en place en 1986 alors que l’épidémie de sida faisait rage, l’ATU est un processus permettant aux patients atteints de maladies graves de bénéficier de traitements qui ne sont pas encore autorisés sur le marché, et qui ont peu d’alternatives thérapeutiques. Déposé en septembre 2020 par Gensight Biologics, start-up issue de l’Institut de la Vision, le dossier d’autorisation de mise sur le marché (AMM) est actuellement examiné par l’Agence européenne du médicament (EMA), en vue d’une éventuelle autorisation que la Dr Catherine Vignal- Clermont espère pour « fin 2023 ».
Propos recueillis par Romain Loury
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DMLA (dégénérescence maculaire liée à l'âge), quatre lettres pour parler d'une pathologie oculaire qui concerne plus d'1,5 million de personnes en France.
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