Krys Sète - Roustan
Charlène H
Le glaucome touche 1 à 2 % de la population de plus de 40 ans et environ 10 % après 70 ans. Plus de 1.5 million de personnes sont traitées en France, mais 400 000 présenteraient la maladie sans le savoir, non dépistées et non soignées. Deuxième cause de cécité dans les pays développés après la DMLA, le glaucome touche plus de 60 millions de personnes dans le monde, dont plus de 7 millions sont aveugles. Affection oculaire caractérisée par la destruction progressive du nerf optique, le glaucome, en l’absence de traitement, provoque une perte de vision permanente et définitive. D’où l’importance d’un dépistage précoce pour en limiter les effets. Toutefois, de nombreux progrès ont été réalisés ces dernières années du côté des traitements. On fait le point !
Rédaction réalisée en partenariat avec le Pr Baudouin de l'Hôpital National d'ophtalmologie des 15-20, Paris.
Le glaucome est une maladie oculaire due à une montée de la pression oculaire entraînant une atteinte du nerf optique (qui envoie les informations visuelles au cerveau) et du champ visuel (espace de vision). Dans le glaucome, les terminaisons nerveuses du nerf optique sont abîmées au niveau de la rétine et le nerf optique perd progressivement ses fibres. Il en résulte une atteinte progressive du champ de vision : l’espace que voit l’œil se réduit petit à petit, la vision disparaît sur les côtés et du côté du nez mais la vision au centre est longtemps conservée. Si les lésions progressent, la vision centrale disparaît, conduisant à la cécité. Le glaucome est le plus souvent lié à l’augmentation de la pression à l’intérieur de l’œil (hypertension intraoculaire). Dans une minorité de cas, il se développe alors que cette pression est normale.
Mieux comprendre le glaucome en image >
Du fait de son caractère asymptomatique (développement sans gêne visuelle et le plus souvent sans douleur), le glaucome est une maladie diagnostiquée souvent trop tard. Il est donc primordial de procéder à des examens de dépistage systématique à partir de 40 ans, tous les deux ans (ou plus jeune s’il y a des cas de glaucome dans la famille). Ces examens effectués chez un ophtalmologiste, simples et indolores, sont la mesure de la pression intraoculaire et l’examen du fond de l’œil et du champ visuel. Les progrès de l'imagerie - en particulier les dernières générations de rétinographes et d’OCT (tomographie en cohérence optique) qui permettent de quantifier et d’analyser l’atteinte structurale dans le glaucome - offrent aujourd’hui des outils fiables et performants pour diagnostiquer de façon probante le glaucome dès les premiers stades, et ainsi mettre rapidement en place une stratégie thérapeutique. Le glaucome est en effet avant tout une maladie du nerf optique, pas juste une pression oculaire élevée, et son évaluation est fondamentale. Il est ainsi essentiel de diagnostiquer un glaucome le plus tôt possible, au stade d’hypertonie oculaire avant l’apparition d’une atteinte du nerf optique, ou au début, à un stade où l’atteinte est détectable mais sans conséquence visuelle gênante.
De réels progrès ont été réalisés ces dernières années concernant le diagnostic du glaucome qui peut se faire de plus en plus tôt et de plus en plus précisément. Aujourd’hui, les traitements disponibles permettent de stopper l’évolution de la maladie, mais ils ne permettent pas de restaurer la vision perdue lorsque la maladie est déjà évoluée. Au rang des idées reçues : non, une correction par des lunettes est impossible, car ces dernières ne permettent que d’améliorer la projection sur la rétine des images et non de soigner cette atteinte du nerf optique. Pour le glaucome chronique, le but est de faire baisser la pression intraoculaire. Les médicaments disponibles sur le marché, collyres ou comprimés, agissent donc soit en favorisant l’écoulement de l’humeur aqueuse, soit en diminuant sa fabrication. Prescrits à vie, ils permettent de ralentir l’évolution de la maladie. Le recours à la chirurgie ou au laser est préconisé lorsque les médicaments ne sont plus assez efficaces, ou dans le cas d’un glaucome aigu avec une intervention en urgence.
En savoir plus sur les traitements du glaucome >
Les avancées technologiques en matière d’imagerie du nerf optique et de la couche de fibres nerveuses de la rétine permettent aujourd’hui de diagnostiquer de façon probante le glaucome dès les premiers stades, et donc de pouvoir arrêter sa progression avant la survenue du déficit visuel. Plusieurs autres pistes thérapeutiques celles-là, sont déjà très prometteuses, , notamment la protection du nerf optique grâce aux chimiokines, ces molécules qui jouent un rôle fondamental dans l’attraction des cellules inflammatoires au niveau de la surface oculaire et dans les tissus profonds. Autre piste : les cellules souches, qui pourraient permettre de réparer le trabéculum et ainsi assurer la filtration de l’humeur aqueuse.
« Le diagnostic, il y a 10 ans, est tombé : glaucome, à un stade avancé. D’abord dans le déni (la maladie évolue lentement), j’ai décidé très vite d’apprendre à vivre avec cette vue qui change : mon champ visuel est diminué par le haut et je suis très gênée par l’obscurité et la forte luminosité. Moins d’autonomie au quotidien pour la conduite ou la pratique de certains sports, mais j’ai un tempérament combatif ! Ce n’est pas grave si la vision d’avant (la vision idéale), on ne la retrouve pas. Je ne suis pas dans les ténèbres encore, et je fais tout pour ne pas l’être. Très suivie, je suis suspendue à la recherche qui permettra un jour peut-être d’arrêter la progression de la maladie, voire de réparer le nerf optique. Mon espoir est que dans 10 ans les avancées soient là, car on vit tous de plus en plus âgés, touchés par ces maladies de la vision. Il faut soutenir les chercheurs, les recherches menées à l'Institut de la Vision sont fondamentales, impératives ! »
Elisabeth Quin, journaliste sur ARTE et écrivain.
Crédit photo : ©PE Rastoin
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Charlène H
Virginie R.
Marion V
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