Krys Jacou - Espace Bocaud
Virginie R.
En France, plus de 3,5 millions de personnes sont suivies et traitées pour un diabète1. Toutefois, compte tenu du caractère silencieux de la maladie, on estime entre 500 000 et 800 000 le nombre d’adultes diabétiques non diagnostiqués2 ou en état de pré-diabète2. Or, en altérant sur le long terme les petits vaisseaux sanguins, le diabète peut entraîner de nombreuses et sévères complications. Parmi les organes les plus touchés, notons les yeux (risque de perte de vision, lire "qu'est-ce que la rétinopathie diabétique ?"), le cœur (risque d’infarctus), les nerfs et les pieds (risque d’amputation) ou encore les reins (risque de dialyse). C’est pourquoi il est impératif de le diagnostiquer au plus tôt et ainsi mettre en place tout l’arsenal thérapeutique hygiéno-diététique ou médical disponible pour permettre de le prévenir, l’équilibrer et éviter ses complications. Des innovations majeures ces dernières années, dans le traitement du diabète mais aussi celui des pathologies visuelles associées, ont fortement permis d’améliorer sa prise en charge.
Rédaction réalisée avec l’aimable collaboration de Jean-François Thébaut, vice-président de la Fédération Française des Diabétiques.
Sources : 1.Santé publique France, Prévalence et incidence du diabète, 14 novembre 2019.
2. Centre européen d'étude du diabète, Les chiffres du diabète.
La grande innovation de ces dernières années dans le traitement du diabète, de type 1 comme de type 2, repose sur la notion de temps dans la cible. Jusqu’à maintenant, l’équilibre du diabète était contrôlé avec des prises de sang tous les 2 à 3 mois permettant de suivre le taux d’hémoglobine glyquée et ainsi déterminer la concentration moyenne de glucose dans le sang. Pour les personnes sous insuline, les glycémies capillaires, réalisées ponctuellement, des instants donnés, au niveau des doigts, ne reflétaient pas fidèlement les variations glycémiques sur une journée. “Depuis plusieurs années, au lieu d’avoir une mesure casuelle, des dispositifs - les glucomètres - permettent de mesurer la glycémie interstitielle (celle du liquide interstitiel et non plus des vaisseaux capillaires) en continu”, explique Jean-François Thébaut, vice-président de la Fédération Française des Diabétiques. Ces appareils médicaux sont généralement composés d’un capteur qui détecte et mesure le glucose interstitiel, puis qui envoie les données à intervalles réguliers via une liaison sans fil à un récepteur. Celui-ci peut être lié à une pompe à insuline, un lecteur de glycémie ou un moniteur spécifique (comme un smartphone).
Cette mesure en continu permet d’avoir une image dynamique de la glycémie, de voir sa fluctuation dans le sang tout au long de la journée et de la nuit, et ainsi de juger l’équilibre du diabète. Et d’ajouter : “C’est une grande révolution car il devient possible d’adapter les traitements et de prévenir les complications au mieux. Pour les patients disposant de pompes à insuline, cela permet de les régler au plus près, voire avec des algorithmes dits d’intelligence artificielle visant à l’autogestion automatique, autrement appelée le pancréas artificiel.” Ces algorithmes permettent également de créer des tendances et d’anticiper ce qui va se passer comme les hypoglycémies. À ce jour, seuls les patients sous insuline (environ 750 000 personnes en France) peuvent bénéficier du remboursement de ces lecteurs en continu par l’Assurance Maladie.
Depuis de nombreuses années, la majorité des traitements pour le diabète de type 1 et 2 permettait de bien équilibrer l’hémoglobine glyquée et prévenir la microangiopathie. Or aucun n’était capable de cibler l’ensemble des mécanismes pathologiques du diabète, et notamment les complications de macroangiopathie, pourtant les plus graves. Le risque de maladies cardiovasculaires est ainsi deux fois plus important pour les patients avec un diabète par rapport à la population non diabétique d’âge équivalent. Depuis une quinzaine d’années, le diabète est considéré comme un facteur de risque cardiovasculaire important, qui indique pour les patients la mise en place d’un traitement de prévention secondaire cardiovasculaire. Il s’agit notamment des statines pour le cholestérol ou encore l’aspirine, “des traitements qui ont déjà permis de réduire considérablement ce genre de complications”, précise le vice-président de la Fédération Française des Diabétiques.
Autre innovation majeure dans le traitement du diabète : l’arrivée, depuis quelques années, de nouvelles catégories de médicaments pour les diabétiques de type 2 - et qui peuvent également être indiqués pour les patients de type 1. Ce sont les agonistes des récepteurs du GLP-1 (Glucagon-like peptide-1) et les gliflozines (SGLT2 pour cotransporteurs sodium-glucose de type 2). Parce que le rein joue un rôle dans la régulation de la glycémie, notamment en éliminant du glucose quand la glycémie est trop élevée, les inhibiteurs de SGLT2 augmentent la fuite de glucose dans les urines, ce qui permet d’abaisser la glycémie. Les premiers médicaments de la classe des SGLT2 ont obtenu l’autorisation de remboursement en France en avril 2020. “Il s’agit d’une véritable révolution car ceux-ci diminuent de façon très significative les problèmes cardiaques et vasculaires ainsi que la néphropathie, par des mécanismes un peu plus complexes qu’une simple action sur la glycémie”, indique Jean-François Thébaut.
Thérapie cellulaire du diabète de type 1, la greffe des cellules d’îlots de Langerhans consiste à injecter par voie sanguine des cellules sécrétrices d’insuline du pancréas qui vont se fixer dans le foie et fabriquer de l’insuline. “Toutefois, la limite de ce traitement par greffe est la nécessité de recevoir un traitement immunosuppresseur (afin d’éviter le rejet de ces îlots pancréatiques), avec le risque de nouvelles complications”, précise Jean-François Thébaut. Le 20 juillet 2020, la Haute Autorité de Santé (HAS) a émis un avis favorable à l’inscription de cette technique sur la classification commune des actes médicaux et sa prise en charge dans quatre indications.
Le diabète de type 1 se caractérise notamment par la destruction des cellules en charge de la production d’insuline, les cellules β pancréatiques. Trouver comment les restaurer est ainsi l’un des enjeux majeurs dans la recherche contre le diabète, notamment parce que les traitements actuels ne suffisent pas toujours à éviter ses complications. La thérapie génique est ainsi l’une des pistes prometteuses visant à recréer ces cellules β et faire en sorte qu’elles reproduisent de l’insuline en quantité suffisante.
Sources : Fédération Française des Diabétiques. Rapport SFO 2017, Pr Marie-Noëlle Delyfer, PU-PH au CHU de Bordeaux. Pr Michel Paques, Centre hospitalier national des Quinze-Vingts, Laser ciblé pour traiter l’œdème maculaire diabétique, juillet 2019. Bénédicte Dupas, Traiter la rétinopathie diabétique, la Revue du Praticien médecine générale, tome 26, n° 886, septembre 2012.
Rédaction exclusive Guide-Vue.fr d'avril 2021.
La rétinopathie diabétique est une pathologie qui atteint la rétine de l’œil. Elle est due à une grave complication d'une maladie générale : le diabète.
Virginie R.
Marion V
Elisabeth G
Anne-Laure P