Randonner en autonomie quand on est non-voyant

« Seuls 5% des non-voyants se déplacent de façon autonome hors de chez eux ». Ce chiffre, Gérard Muller, fondateur et président de l’association Yvoir, le martèle comme un mantra. Atteint de dégénérescence rétinienne, cet ancien pharmacien s’investit depuis des années en faveur de la recherche médicale sur les déficiences visuelles.
Il a ainsi été une des chevilles ouvrières du financement de ce qui deviendra l’Institut de la vision (voir l'article "L'Institut de la Vision, histoire d’une pugnacité collective").

La création d’une appli pour la randonnée est née de sa rencontre avec René Farcy, professeur à l’Université Paris Sud et physicien spécialisé dans l’optique et l’électronique. Depuis plus de trente ans, celui-ci mène sa recherche sur la mobilité des non-voyants, notamment autour de la canne blanche électronique. Sous l’impulsion de Gérard Muller, il modifie en 2009 le GPS urbain sur lequel il travaille pour l’adapter à la randonnée.
 

Gerard Muller en randonnée sur le chemin de Stevenson © Association Yvoir

En effet, « le système de guidage est très différent, car en ville, si vous ratez un embranchement, vous pouvez toujours prendre le suivant » souligne René Farcy.
Grâce à l’action de la centrale inertielle intégrée dans nos téléphones modernes, Openway détermine la position instantanée de l’axe corporel du randonneur, et lui indique par synthèse vocale le cap à prendre sur le cadran horaire, jusqu’au prochain point nécessitant une modification de trajectoire.
Aussi révolutionnaire que soit cette application pour ceux qui sont déjà très autonomes, elle ne pallie pas le manque d’instructeurs de locomotion. 
Pour toucher le plus grand nombre, Openway nécessite la mise en place de plus d’animations par des professionnels du déplacement. Et peut-être, envisage René Farcy, une prise en charge de cette formation par la sécurité sociale ?

Propos recueillis par Aline Aurias