Krys Sète - Roustan
Charlène H
La DMLA, Dégénérescence Maculaire Liée à l’Âge, est une affection des yeux qui peut apparaître après l’âge de 50 ans, le plus souvent après 60 ans.
Elle concerne aujourd’hui plus d’un million de Français, avec différents degrés d’impact sur la qualité de vision suivant l’évolution de la maladie. C'est la principale cause de cécité des personnes de plus de 50 ans. Elle atteint 1 personne sur 2 à 80 ans.
La DMLA se traduit par une perte progressive du centre du champ de vision empêchant la personne de lire, d’observer son interlocuteur, de conduire… La DMLA ne conduit pas à la cécité totale mais l’atteinte, voire la perte de cette partie centrale du champ de vision, pénalise la vie quotidienne, de façon grandissante avec l’évolution de la maladie.
Une prise en charge médicale précoce est essentielle pour freiner la progression de cette pathologie. Aujourd'hui, les lésions de l’œil sont irréversibles. La DMLA fait l'objet de recherches importantes pour prévenir la maladie, et la combattre.
Un problème de santé publique.
Les progrès de la science permettent un allongement de notre espérance de vie, vecteur du vieillissement de la population. En effet, aujourd’hui 22% de la population française a plus de 60 ans, dans 25 ans elle dépassera 30% (source Insee).
Ainsi la DMLA concerne un nombre croissant de patients et constitue un véritable problème de santé publique. Selon l'Académie française d'Ophtalmologie, le nombre des personnes atteintes devrait doubler entre 2000 et 2020, 3 millions de personnes seraient donc personnellement concernées en 2020.
La DMLA, Dégénérescence Maculaire Liée à l’Âge, est une maladie qui condamne les récepteurs visuels appelés « cônes » et « bâtonnets » qui permettent la précision de vision, la vision des couleurs, la vision dans l'obscurité... C’est une « mort » prématurée de ces photorécepteurs de la rétine qui tapisse le fond de l'œil.
Cette altération du tissu de la rétine provoque à plus ou moins long terme un retentissement sur l’activité cellulaire de la zone maculaire. La macula est le centre de la rétine, elle permet de bien voir le centre du champ visuel : fixer du regard, observer... Sa richesse de cellules visuelles et leurs fonctions s’en trouvent dégradées.
L’impact sur la qualité de vision est certain, de niveau plus ou moins important suivant le degré de développement de l’affection, et plus ou moins rapidement en fonction de la forme de la maladie.
Le centre du champ de vision est menacé, ce qui est très pénalisant dans la vie quotidienne puisque le champ de vision central permet l'observation : lire, regarder son interlocuteur, se déplacer... La périphérie du champ de vision n’est généralement pas endommagée.
Il existe deux formes tardives de DMLA : la DMLA sèche et la DMLA humide.
Lors de l'observation de l'état de la macula, la forme sèche se caractérise par l'apparition de petits amas blanchâtres appelés "drusen" alors que la forme humide fera apparaître des zones d'hémorragies.
Elle se caractérise par la diminution progressive du nombre de cellules visuelles, un appauvrissement par mort prématurée du nombre de photorécepteurs, les bâtonnets puis les cônes.
Son évolution est lente, c’est-à-dire sur plusieurs années.
L'ophtalmologiste constatera, par l'observation du fond de l’œil, des amas blanchâtres au centre de la rétine, ce sont les drusen, appelés aussi druses.
Une prise en charge médicale précoce permet de freiner l’évolution de la maladie et ainsi de préserver le champ de vision jusqu’alors épargné. Il n'existe à ce jour pas de traitement pour guérir les dommages causés par cette maladie.
C’est une complication de la DMLA qui nécessite une prise en charge médicale urgente.
La macula est envahie de petits vaisseaux sanguins anormaux qui se développent de façon anarchique.
Ces néovaisseaux sont issus de la choroïde, l’une des couches de la rétine qui permet d’alimenter l’iris et les photorécepteurs de la rétine.
La DMLA exsudative se caractérise par une évolution brutale, souvent en quelques jours seulement.
Elle est précédée de baisse d'acuité visuelle et de métamorphopsies, c'est-à-dire des déformations de la vision qui, en l’occurrence, se traduisent par une perception visuelle ondulée des lignes droites, voir l'illustration dans les symptôme de la DMLA.
N’attendez jamais de percevoir des symptômes de troubles visuels pour consulter un ophtalmologiste.
Un diagnostic précoce optimise la prise en charge de la maladie pour limiter son évolution.
Les premiers symptômes ne sont pas forcément perçus en vision binoculaire, c'est-à-dire les 2 yeux ensemble, un seul œil pouvant être atteint : c'est pourquoi les tests proposés comme la grille d'Amsler (ci-après), doivent être réalisés un œil après l'autre.
Une personne atteinte de DMLA peut percevoir un ou plusieurs troubles de la vision, malgré le port de ses lunettes de vue qui corrigent la presbytie : un manque de sensibilité aux contrastes, une vision moins nette, voire une vision floue rendent la lecture difficile. À cause de cet inconfort visuel, la personne ne lit plus ou beaucoup moins longtemps.
Manque de sensibilité aux contrastes
Trouble de la vision : vision floue
Apparition d'une tache noirâtre au centre de la vision : scotome central
Déformation ondulatoire des lignes droites
Illustrations www.guide-vue.fr
En présence de DMLA humide, les troubles visuels apparaissent plus brutalement par des déformations ondulatoires des lignes droites, appelées métamorphopsies, et/ou par l’apparition d’un scotome : tache noire au centre du champ visuel. C'est la forme la plus grave de la DMLA : consultez très rapidement un ophtalmologiste.
Un seul œil est généralement atteint dans un premier temps. Ceci rend d’autant plus difficile la prise de conscience. Il faut donc vérifier la vision d’un œil puis de l’autre pour s’assurer qu’aucun n’est atteint.
Dans le doute ou en cas de début de symptôme : il faut consulter un ophtalmologiste >
Voici une illustration d'une grille d'Amsler, ce test de dépistage permet de contrôler un des symptômes de la DMLA : la vision des lignes droites est-elle déformée ?
Cette illustration n'est pas en vraie grandeur et ne constitue pas un dépistage fiable.
Demandez ce test à emporter auprès de votre opticien ou ophtalmologiste : ce test doit être absolument réalisé un œil après l'autre. Mettez vos lunettes de vue, placez-vous en vision de près (30 cm), cachez totalement l'œil non testé, fixez le rond noir central.
Les lignes droites doivent être vues et demeurer droites (pas ondulées), aucune tache sombre de doit apparaître dans le champ visuel.
Si ce test ne met pas en évidence d'anomalie, cela ne signifie pas que l'œil est en bonne santé, seul un contrôle médical régulier chez votre ophtalmologiste permet un dépistage rigoureux.
Illustration pédagogique de la grille d'Amsler :
un œil après l'autre, à 30 cm, en fixant le rond noir central,
les lignes droites doivent être vues droites et non ondulées,
aucune tache sombre ne doit apparaître.
Les causes possibles de DMLA ne sont pas prouvées scientifiquement, mais il existe de fortes suspicions du fait de prévalences constatées, c'est-à-dire du nombre de patients présentant des points communs.
L’âge et le vieillissement sont les principaux responsables.
Les autres facteurs de risques recensés sont :
Les traitements existants aujourd’hui consistent à stopper ou à freiner l’évolution de la maladie, mais pas encore à la guérir.
Ces traitements ne sont pas chirurgicaux, ils consistent à lutter contre la maladie :
À ce jour, la rééducation et la réadaptation fonctionnelle représentent des aides précieuses pour les patients atteints de DMLA.
Cette réadaptation est assurée par un orthoptiste, elle consiste pour le patient à développer un point de fixation de suppléance.
Concrètement, le centre du champ de vision étant défaillant, l’objectif est d’apprendre au patient à observer grâce à son champ de vision net résiduel. Par des exercices visuels et un apprentissage quotidien, le patient apprend à exploiter son champ de vision différemment. La capacité du cerveau à un tel changement de réflexe est bonne, la difficulté est d’ordre psychologique. Ainsi, la motivation du patient doit dominer son éventuelle difficulté à accepter sa perte de vision.
En cela, l’orthoptiste est également un acteur de prévention : il veille sur les risques psychologiques (dépression), sur les risques physiques (perte d’autonomie et de mobilité), et sur l’accompagnement social.
Les aides visuelles : loupes, télé-agrandisseurs, … sont plus bénéfiques dans le cadre d’une prise en charge globale du patient : médecin ophtalmologiste, orthoptiste, et opticien.
En synthèse, pour mieux comprendre, chacun de ces 3 acteurs assure des missions essentielles et complémentaires pour optimiser la vision du patient :
Illustration www.guide-vue.fr
À noter que les actions de ces 3 professionnels s'entrecroisent dans le temps : elles ne sont pas successives comme le serait la rééducation d’un membre osseux opéré suite à une fracture. Le parcours de soin et de prise en charge d’une DMLA est atypique : les professionnels communiquent entre eux et leurs actions sont conjointes.
Si, par exemple, le patient achète une aide visuelle optique sans suivre de séances de rééducation et de réadaptation, le bénéfice perçu sera très modéré. En effet, dans le cas où le patient ne peut pas lire à cause d’un scotome central (tache noire au centre de la vision), le système optique ne fera que grossir ce scotome ! Le patient n’arrivera toujours pas à lire. Pour cela, il doit suivre un apprentissage spécifique avec un orthoptiste pour développer un point de fixation de suppléance, c'est-à-dire observer, fixer, regarder avec une zone du champ de vision saine, à côté du champ de vision central habituel qui est déficient.
Première cause de malvoyance après 50 ans dans les pays développés, la dégénérescence maculaire liée à l'âge - DMLA - est une maladie chronique qui affecte en France plus d'un million de personnes et concerne 40 000 nouveaux patients chaque année (1). Avec une prévalence qui augmente avec l'âge puisque 25 à 30% des plus de 75 ans en sont atteints. S'il n'existe pas encore de traitement curatif de la DMLA, d'importants progrès ont été réalisés ces dernières années, dans les domaines de la prévention de la maladie, du dépistage, du suivi, de l'accompagnement des patients et aussi dans le développement de thérapeutiques, pour la forme exsudative notamment. Sans oublier la multiplicité des voies de recherche, dont certaines très prometteuses portent l'espoir de réussir prochainement à contrer cette pathologie qui impacte fortement la vie des patients.
Rédaction exclusive réalisée avec l'aimable collaboration du Dr Jean-François Girmens, ophtalmologiste au CHNO des Quinze-Vingts, et du Dr Florian Sennlaub, directeur de recherche Inserm classe 1 à l'Institut de la Vision. 09/2021.
La DMLA correspond à plusieurs formes cliniques et évolutives (précoce, atrophique, exsudative). Elle commence par une atteinte débutante puis intermédiaire (50% des cas) qui peut évoluer vers l'atrophie (25% des cas). En plus de cette atrophie maculaire à l'origine de la baisse progressive du champ visuel central, certains patients développent des complications qui se traduisent par la prolifération de vaisseaux sanguins anormaux sous la rétine, caractéristiques de la forme exsudative (ou humide), plus agressive et responsable d'une baisse parfois brutale de la vision (25% des cas). “Nous savons à ce jour traiter ces complications et freiner considérablement la prolifération des néovaisseaux, mais nous ne disposons pas encore de traitement permettant d'enrayer le processus menant à l'atrophie”, commentait le Dr Girmens.
La prise en charge des patients DMLA a connu un véritable tournant à partir de 2006, date à laquelle ont été mis sur le marché des traitements anti-VEGF administrés par injections intra-vitréennes (IVT). Le VEGF (Vascular Endothelial Growth Factor) est une protéine dont le rôle dans l'organisme est de déclencher la formation de nouveaux vaisseaux sanguins (angiogenèse), notamment responsable des complications de la DMLA exsudative. Les agents anti-VEGF sont ainsi des substances anti-angiogéniques injectées dans l'œil visant à lutter contre la prolifération de ces néovaisseaux anormaux, en réduire les conséquences et, par-là, limiter les dommages sur la rétine et donc la baisse d'acuité visuelle. Devenu le traitement de référence dans la prise en charge de la DMLA exsudative, il a permis, à l'échelle mondiale, de réduire de moitié le taux de cécité légale lié aux complications de la DMLA (2).
La DMLA est indolore, n’attendez pas de percevoir des symptômes de troubles visuels pour consulter un ophtalmologiste ! La prévention et le diagnostic précoce sont vos alliés.
En l'espace de quinze ans, les protocoles pour le traitement des complications de la DMLA ont fortement évolué. Ces traitements ont étéinitialement validés avec des schémas d'injections systématiques. “Or on s'est rendu compte que les patients n'avaient pas tous besoin du même nombre d'injections, c'est pourquoi nous avons adopté des stratégies visant à adapter le traitement et sa fréquence au rythme de progression des néovaisseaux chez chaque patient”, précisait l'ophtalmologiste. Aujourd'hui, deux méthodes sont privilégiées : soit des injections à la demande avec une surveillance mensuelle du patient et des injections en fonction de ses lésions, ce qui est assez lourd en termes de consultation et de déplacement pour le patient. Une autre stratégie consiste à faire des injections à chaque visite, en essayant d'espacer ces visites en fonction de l'état des lésions. “Cette stratégie, appelée Treat and Extend, est aujourd'hui la plus économe en nombre de déplacements et de visites, même si elle peut mener à un peu plus d'injections que l'autre approche. Elle est aussi globalement plus efficace en termes de maintien de l'acuité visuelle et de lisibilité pour les patients”, ajoutait-il.
Les protocoles ont évolué, les traitements et leur fréquence s'adaptent davantage au rythme de progression des néovaisseaux chez chaque patient.
S'il n'existe à ce jour aucun traitement pour la forme atrophique de la DMLA, il est possible de freiner la maladie par l'adoption d'une bonne hygiène de vie, tout comme l'ophtalmologiste peut prescrire la prise de compléments alimentaires spécifiques permettant une supplémentation en antioxydants. Aussi, la rééducation fonctionnelle, quelle que soit la forme de la DMLA, peut être d'une aide précieuse pour le patient, afin de l'aider à améliorer son autonomie et continuer à pratiquer certaines activités comme la lecture. L'orthoptiste est un maillon essentiel de cet accompagnement : il va aider à apprivoiser cette baisse de vision et trouver des mécanismes de compensation. Il est en effet possible d'apprendre à mieux exploiter ses capacités visuelles résiduelles, en s'appuyant notamment sur la vision périphérique. D'autres professionnels s'inscrivent dans cette prise en charge, pour le maintien et l’amélioration de la qualité de vie. Parmi eux, l'opticien spécialisé en basse vision qui va permettre de conseiller les aides visuelles les plus appropriées, les ergothérapeutes, les psychomotriciens, les psychologues...
Dans le traitement de la DMLA, l'autosurveillance du patient est très importante : le patient doit consulter très rapidement en cas de déformation, de scotome (une ou plusieurs taches apparaissant dans le champ visuel), de moindre sensibilité aux contrastes ou de baisse brutale d'acuité visuelle. Le test de la grille d'Amsler fait référence pour tester soi-même sa vision. “Il est aussi possible de prendre chez soi un simple repère sur des lignes, comme celles d'un sudoku, d'un carrelage ou d'une fenêtre, afin d'être capable de réagir au moindre doute et consulter rapidement. Enfin, des applications, telle OdySight, permettent d'assurer un suivi permanent de la maladie à domicile, qui est transmis directement au médecin”, concluait le Dr Girmens.
Nous venons de passer en revue les traitements de la DMLA, maladie chronique qui touche près d'un million de Français. La dégénérescence maculaire liée à l'âge se réfère à diverses formes cliniques et évolutives. À ce jour, la recherche sur la DMLA a découvert des moyens de freiner le développement de cette pathologie et continue de se pencher sur des solutions thérapeutiques. Même s’il n’existe toujours pas de traitement pour guérir définitivement cette pathologie oculaire, il est néanmoins possible de la freiner fortement. Dans cette rédaction, nous allons aborder les différents axes de recherche car la DMLA représente un enjeu de santé publique et mobilise énormément la communauté scientifique. La DMLA fait l'objet de très nombreux travaux, menés à travers des voies de recherche très diverses. Ceux-ci ont déjà permis de réaliser d'importantes avancées dans la connaissance et la compréhension des mécanismes de la maladie. Mais les efforts se poursuivent afin de trouver de nouvelles cibles et stratégies thérapeutiques.
La voie de recherche actuellement la plus privilégiée dans le traitement des complications de la DMLA avec l'apparition de néovaisseaux anormaux demeure celle des anti-angiogéniques, que ce soit à travers de nouvelles molécules comme de nouveaux systèmes de délivrance. Par exemple est actuellement à l'étude un réservoir posé de manière chirurgicale et rempli régulièrement d’anti-VEGF. “Nous sommes actuellement à environ 7 injections en moyenne par patient, par an. C'est un traitement assez lourd”, précisait le Dr Florian Sennlaub. C'est pourquoi les études en cours ont en commun de chercher des formulations permettant d'en espacer la fréquence et d'en réduire le nombre.
Une autre approche de la recherche pour traiter la DMLA exsudative repose sur la thérapie génique. “Au lieu d'injecter directement un anti-VEGF dans le vitré, on va essayer de faire produire la protéine par l'œil lui-même. Pour cela, on injecte un vecteur qui code pour l'anti-angiogénique et va faire fabriquer un anti-VEGF par les cellules”, ajoutait le directeur de recherche. Plusieurs essais cliniques de thérapie génique sont actuellement en cours d'évaluation, les résultats sont attendus. Des essais consistent parallèlement à trouver d'autres alternatives à l'inhibition du VEGF en identifiant d'autres facteurs impliqués dans l'angiogenèse ou en combinant par exemple anti-VEGF et angiopoïétines. Toutes ces pistes ont en commun de vouloir accroître la durabilité de l'effet thérapeutique et d'assécher le plus possible l'exsudation.
La communauté scientifique s'intéresse beaucoup au rôle de l'inflammation chronique dans la DMLA atrophique car, contrairement à la DMLA humide, la perte des photorécepteurs n’est pas due à la formation de néovaisseaux, mais résulte probablement de réactions inflammatoires et du stress oxydatif. Cette inflammation, bénéfique au stade précoce mais pathogène aux stades plus avancés de la DMLA, est marquée par une accumulation de macrophages sous la rétine. “Parmi les facteurs de risque établis, plusieurs variants génétiques ont été identifiés et peuvent représenter une piste pour des molécules en particulier, impliquées dans le processus immunitaire qui rendent l'inflammation plus agressive”, précise le Dr Sennlaub. Depuis 15 ans environ, les facteurs de risques qui peuvent mener à la DMLA sont suivis de près et ont déjà permis de comprendre quelques-uns des mécanismes liés à cette inflammation, l'idée aujourd'hui étant de trouver les moyens de résoudre celle-ci. Et le chercheur d'ajouter : “Nous avons observé qu'en l'absence de certaines molécules, l'élimination de macrophages ne fonctionnait plus. Or si l'on réussit à remplacer ce facteur ou si l'on active les mêmes récepteurs, alors on pourra induire une résolution de l'inflammation en essayant de faire sortir plus de macrophages pour diminuer leur présence et donc leurs effets négatifs sur les tissus. C'est l'objet du programme sur lequel nous travaillons avec le Pr Sahel et l'université de Pittsburgh.” En parallèle, d'autres essais sont actuellement en cours sur des molécules qui agissent sur la voie du complément, avec l'objectif d'empêcher l'atrophie de s'accentuer.
Pour empêcher l'atrophie de s'accentuer, assécher le plus possible l'exsudation ou encore lutter contre la mort des photorécepteurs, les voies de recherche sont aujourd'hui nombreuses.
Il existe une importante diversité de voies de recherche pour la DMLA sèche et, plus généralement, pour les maladies rétiniennes entraînant une dégénérescence des cellules photoréceptrices.
Nous venons de traiter des avancées de la recherche dans la lutte contre la DMLA, et des traitements de la Dégénérescence maculaire liée à l'âge. Nous souhaitons sensibiliser le public sur l'importance de la prévention, du dépistage précoce et de notre mode de vie. Suite de l'interview exclusive du Dr Jean-François Girmens, ophtalmologiste au CHNO des Quinze-Vingts, et du Dr Florian Sennlaub, directeur de recherche Inserm classe 1 à l'Institut de la Vision.
En attendant le développement de nouveaux traitements, la prévention et le dépistage sont essentiels pour réussir à maintenir la meilleure acuité visuelle possible. Bien que ses origines soient encore mal connues, la DMLA résulte de la combinaison de différents facteurs de risque. L'âge en est assurément le principal puisque la prévalence de la maculopathie liée à l'âge est estimée à environ 1% avant 55 ans, 10 à 20% entre 55 et 75 ans, 25 à 30% après 75 ans (3). Des facteurs génétiques jouent également un rôle important dans sa survenue : le risque de développer une DMLA est quatre fois plus important en cas d'antécédents familiaux. Enfin, elle dépend également de facteurs environnementaux, “c'est pourquoi il est primordial de respecter quelques mesures d'hygiène, idéalement toute sa vie durant. Il n'est jamais trop tard pour les adopter afin de limiter les facteurs de risques et ainsi échapper à la maladie ou en réduire la progression lorsqu'elle survient”, commentait le Dr Girmens.
Les études AREDS ont été les premières à démontrer que certains nutriments, apportés par l’alimentation, contribuaient à protéger la rétine. Parmi eux, les oméga-3, le zinc, le cuivre, la lutéine, la zéaxanthine, les vitamines C et E. Il a par exemple été observé que le risque de développer une DMLA était réduit de 41% chez les personnes à l’alimentation fortement méditerranéenne (4) (poissons, légumes, huile d'olive), tandis que l'obésité en doublait le risque, d'où l'importance d'une alimentation variée et équilibrée. L'hypertension artérielle compte également parmi les facteurs de risque, tout comme le tabagisme qui confère un sur-risque jusqu’à 20 ans après l’arrêt du tabac. Sans oublier les effets cumulatifs sur la rétine du rayonnement solaire, comme l'a montré une étude des équipes de Serge Picaud, à l'Institut de la Vision, sur la toxicité de la lumière. Enfin, l'activité physique n'est pas à négliger puisqu'elle contribue à maintenir une bonne hygiène de vie globale.
Comme pour nombre de pathologies oculaires, plus la DMLA est diagnostiquée tôt, plus les chances de préserver la vision sont importantes. Que ce soit pour la forme exsudative ou atrophique, la prise en charge précoce des patients est essentielle, pour réduire la progression de la maladie et, surtout, éviter une aggravation de la baisse de vision car les lésions sur la rétine sont en grande partie irréversibles. Pour cela, les techniques d'imagerie ont énormément évolué ces dernières années, que ce soit dans la résolution des images que la facilitation de leurs procédures d'acquisition, permettant de mieux diagnostiquer et suivre l'évolution de la maladie. L'OCT-angiographie (OCT-A) notamment est une nouvelle technique rapide et non invasive qui combine l'angiographie et la tomographie par cohérence optique (OTC) mais sans injecter de produit de contraste : elle permet d’étudier plus précisément encore les vaisseaux sanguins de la rétine.
Si la DMLA atrophique demeure à ce jour une maladie incurable, les perspectives thérapeutiques et les voies de recherche sont nombreuses et diverses pour lutter contre cette maladie chronique qui peut mener à une forte baisse de vision. “Bien que le temps de la recherche soit un temps long, je suis particulièrement optimiste car elle a déjà permis des progrès considérables ces vingt dernières années et les efforts de très nombreux chercheurs, aux quatre coins du monde, ne sont pas ménagés”, concluait le Dr Sennlaub. C'est pourquoi il importe de rappeler que la bonne hygiène de vie générale, le dépistage précoce et l'autosurveillance sont à ce jour des alliés de choix pour lutter contre la DMLA et la baisse d'acuité associée.
1 SFO, L'ophtalmologie en 2019, DMLA et nouveautés.
2 SFO-online, Place des traitements à venir dans la prise en charge actuelle de la DMLA exsudative en France, 17 mars 2021.
3 CNHO des Quinze-Vingts, les maladies de l'œil, la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA).
4 B. Merle et coll., Mediterranean diet and incidence of advanced AMD: The EYERISK CONSORTIUM, Ophthalmology (2018), doi: 10.1016/j.ophtha.2018.08.006
Liens utiles :
Société Française d'Ophtalmologie : www.sfo.asso.fr
Syndicat National des Ophtalmologistes de France : www.snof.org
Institut de la vision : www.institut-vision.org
Association de patients Rétina France : www.retina.fr
Les informations fournies sur le site Guide-Vue.fr sont destinées à améliorer, non à remplacer, la relation directe entre le patient (ou visiteur du site) et les professionnels de santé. Cet article a été rédigé par Le comité éditorial et mis à jour le 14/08/2024. Toute reproduction partielle est interdite.
Pour les 85% de patients atteints de DMLA dans sa forme sèche, hormis l’autorisation très récente aux Etats-Unis d’une molécule ciblant les formes avancées, la
La sécheresse oculaire est l’un des premiers motifs de consultation dans les cabinets d’ophtalmologie&nbs
L'équipe Inflammation et Immunologie dans les pathologies de la rétine, à l’Institut de la Vision, vient de mettre en évidence qu’un biomarqueur pronostic d’imagerie de l’évolution des formes précoces de la DMLA en sa forme atrophique est dû à des cellules inf
Charlène H
Virginie R.
Marion V
Elisabeth G